Formation sur les méfaits de l’automédication

  1. Les dangers de l’automédication aux antalgiques et traitements adjuvants.

La douleur est mal que chaque personne aimera se débarrasser à tout prix même en recourant aux voies les plus dangereuses. Le souci du lendemain pour notre corps étant un objectif relayé au second rang mais qui, malheureusement, nous poursuit silencieusement sans que nous nous en rendions compte. L’automédication ou le fait d’aller à la pharmacie, sans prescription médicale, et acheter un médicament parce que son voisin l’a pris et a été amélioré est un tueur méchant et silencieux qui sort souvent ses griffes au moment où nous ne sommes plus capables de sauver grand-chose. L’automédication aux antalgiques purs ou assimilés, quel que soit le palier de classement, est plus dangereux pour notre organisme que la consommation d’opium. Prenons l’exemple du paracétamol et de l’ibuprofen, des médicaments souvent utilisés à tort et à travers pour soulager la douleur, mais qui cachent beaucoup de méfaits qu’il faut vous partager afin de prendre une décision réfléchie quand vous pensez vous en procurer. Comme tout médicament pris par voie oral ou per os, le paracétamol se métabolise au niveau du foie avant d’être éliminé par les reins. C’est un médicament dont la dose létale, dose susceptible de causer des ennuis, est très proche de la dose thérapeutique. Une fois pris de façon excessive ou à dose élevée c’est poison mortel redoutable.

Pour être fidèle avec la littérature, suivez ces conclusions rapportés dans la revue Nature Communications des chercheurs britanniques et suédois, scientifiques du King’s College à Londres et de l’université de Lund (Suède) : Présent dans toutes les armoires à pharmacie, le paracétamol peut se révéler redoutable pour le foie. En France, c’est la première cause de greffe de foie pour hépatite aiguë grave.

Avaler une grande quantité de paracétamol d’un seul coup peut provoquer une hépatite fulminante, la plupart du temps mortelle. C’est pour cette raison qu’en Angleterre, ce médicament est fréquemment utilisé dans les tentatives de suicides. Mais dépasser les doses autorisées de façon régulière se révèle également particulièrement toxique pour le foie, selon une étude publiée le 23 novembre dans le British Journal of Clinical Pharmacology.

Sur 663 patients hospitalisés pour des lésions hépatiques graves provoquées par le paracétamol, les trois quarts avaient absorbé une dose massive de paracétamol. Le quart restant avait juste ingéré des quantités supérieures aux doses thérapeutiques (c’est-à-dire plus de 4 grammes par jour) sur les sept derniers jours, principalement pour calmer des douleurs. Les auteurs de l’étude ont constaté que ces surdosages réguliers étaient  plus dangereux pour les personnes que l’intoxication massive en seule fois. Notamment en raison d’une arrivée trop tardive à l’hôpital.

Ces surdosages de paracétamol font également des ravages en France. «C’est la première cause d’indication de greffe hépatique en raison d’une hépatite aiguë grave», confirme au Figaro le professeur Dominique Larray, hépato-gastro-entérologue du CHU de Montpellier. Ce médecin a participé à l’étude Salt, présentée en octobre lors du congrès de pharmacovigilance à Istanbul. Réalisée sur 3 ans dans les centres de transplantation hépatiques de sept pays européens, cette enquête avait pour but d’étudier le rôle des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dans les transplantations hépatiques  pour hépatites graves chez les adultes. Et, surprise, les AINS sont innocentés. Le responsable de plus de 90% des surdosages aboutissant à une transplantation hépatique est le paracétamol. «Mais il était également retrouvé fréquemment en-dehors de tout surdosage, avec une fréquence de survenue entre le double et le triple de celle des AINS. Le risque hépatique du paracétamol ne semble donc pas se limiter au seul surdosage», précise le professeur Nicolas Moore, pharmacologue au CHU de Bordeaux.

Pas plus de 1 gramme à la fois

En France, les hépatites graves ont débouché sur 181 greffes du foie. L’intoxication au paracétamol a été responsable à elle seule de 64 greffes. «La moitié des ces intoxications se sont révélées accidentelles», précise le professeur Larray. Les patients sont souvent en surdosage modéré. Ils n’avaient pas consommé plus de 4 à 5 grammes sur plusieurs jours d’affilés. Mais souvent, ils cumulent d’autres facteurs de risque pour le foie comme l’alcoolisme ou la dénutrition. Le binge drinking est également responsable d’intoxications accidentelles. Après un week-end trop arrosé, pour calmer un mal de tête, mieux vaut éviter le paracétamol. D’autres encore oublient de fractionner les doses. La dose maximale de paracétamol autorisée par jour est de 4 grammes, mais la quantité prise à chaque fois ne doit pas dépasser le gramme et sera renouvelée toutes les 6 à 8 heures, voire toutes les 4 heures si besoin (mais sans dépasser la dose journalière maximale). Apparemment la dose toxique n’est pas très éloignée de la dose thérapeutique. Et peu de gens le savent.

Le paracétamol sous toutes ses formes est le médicament contre la douleur le plus vendu dans le monde. Il trône dans toutes les armoires à pharmacie. Faut-il l’interdire? Certainement pas, car il est efficace et sûr. Mais il reste un médicament, avec des effets indésirables qui peuvent se révéler redoutables. Pour les éviter, il est indispensable de ne pas dépasser les doses autorisées, la consommation de 4 grammes par jour devant rester exceptionnelle.

Une campagne de communication sur ce médicament très largement utilisé en automédication doit être actuellement envisagée.

Les anti-inflammatoires, essentiellement, non stéroïdiens comme l’ibuprofène, bien que non incriminés dans cette étude gardent leurs revers de la médaille surtout par leur action néfaste sur l’estomac. Leur prise devrait être dictée par un professionnel de soins qui vous précisera les moments propices pour, lors ou après les repas, protéger son gastre et qui évaluerait les éventuelles contre indications comme des antécédents de gastrique ou d’ulcères digestifs.

Un autre élément très important dans cette mise en garde de l’automédication, c’est la prise des médicaments souvent utilisés dans le traitement étiologiques donc des causes sous jacentes de la douleur non traumatiques comme les antibiotiques. Ces médicaments contre les agents infectieux bactériens lors qu’ils sont pris sans contrôle rigoureux créent des résistances en sélectionnant des souches mutantes de bactéries rendant ces médicaments inefficaces devant les germes qu’ils étaient censés pouvoir contrôler. Cela fait dépenser les états qui doivent investir dans la recherche e nouvelles molécules et la recrudescence des infections fragilisant la santé de la population.